Le siège de Verdun en 1870

Le 19 juillet 1870, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse, vite rejointe par tous les autres états allemands. La situation militaire évolue rapidement dans un sens défavorable aux armes françaises. Ainsi, l’armée du Rhin, commandée par Napoléon III, est vaincue à Forbach-Spicheren le 6 août. Elle se replie sur Metz. L’empereur, très affaibli, cède le commandement au maréchal Bazaine et se dirige alors vers Verdun, en passant par Jarny et Étain, sous l’escorte du général Margueritte, natif de Manheulles. Le 16 août, Napoléon III prend le train en gare de Verdun. Il va rejoindre l’armée de Mac-Mahon à Châlons.

Le bombardement du 24 août 1870 (coll. part.)
Le bombardement du 24 août 1870 (coll. part.)

Les Saxons devant Verdun (août 1870)

Alors que la Ire et la IIe armées allemandes commencent le siège de Metz, une IVe armée est organisée, sous le nom d’armée de la Meuse. Elle est destinée à occuper la Woëvre et les places fortes de Verdun et Montmédy. Le commandement en est confié au prince Albert de Saxe. Talonnant le cortège impérial, ce sont donc des unités saxonnes qui se présentent devant Verdun le 17 août. S’ensuit un court bombardement, le 24 août, sans succès car le général Guérin de Waldersbach, commandant la place, refuse de capituler. Les dégâts et les pertes humaines restent limités : huit militaires et trois civils français, un seul soldat allemand.

 

Les Saxons n’insistent pas et poursuivent leur chemin en direction de l’armée de Châlons. Cette dernière se dirige vers le nord, recherchant à opérer la jonction avec l’armée de Bazaine, dans les environs de Verdun ou de Montmédy. Ce n’est que peine perdue : enfermé dans Metz, Bazaine n’a pas l’intention d’en sortir. La bataille de Sedan, le 1er septembre, scelle le sort de l’armée de Châlons. Vaincu, Napoléon III capitule et part en captivité.

Les sorties françaises et le bombardement du 26 septembre 1870

Après le bombardement du 24 août et le départ des Saxons, seul un mince cordon de troupes prussiennes entoure Verdun. La garnison ne reste pas inactive : francs-tireurs, gardes mobiles et soldats opèrent de nombreuses sorties, jusqu’à Eix ou Lemmes. Deux officiers prussiens, von Haslingen et von Tauentzien, sont ainsi tués par les francs-tireurs lors d’une sortie à Charny, le 29 août. De nombreux convois allemands sont capturés.

La résistance de Verdun perturbe donc les communications des armées allemandes qui avancent vers Paris et le Nord. Après la capitulation de Sedan, de nombreux prisonniers réussissent à fausser compagnie à leurs gardes allemands : près de 2500 hommes viennent donc renforcer la garnison de Verdun. L’occupation allemande en Meuse reste donc plutôt superficielle.

En réaction aux sorties françaises, les Allemands renforcent les troupes qui encerclent Verdun, sous le commandement du général von Bothmer. Un deuxième bombardement a lieu le 26 septembre, sans plus de résultats que le précédent : les assiégeants cherchaient simplement à évaluer les défenses de la place et la qualité de ses défenseurs, qui se sont montrés très combatifs, autant d’ailleurs que la population civile. La citadelle et les casernes ont été fortement atteintes, mais les pertes humaines restent encore limitées : sept défenseurs de Verdun ont été tués ou mortellement blessés, et un seul artilleur prussien.

La sortie du 20 octobre (coll. part.)
La sortie du 20 octobre (coll. part.)
La citadelle après le bombardement du 13 au 15 octobre (coll. part.)
La citadelle après le bombardement du 13 au 15 octobre (coll. part.)

Les "trois glorieuses journées" des 13, 14 et 15 octobre 1870

Décidés à mettre fin à la résistance de Verdun, les assiégeants resserrent leur dispositif. Le général von Gayl, successeur de von Bothmer, s’empare des villages et quartiers proches des remparts de Verdun (Thierville, Belleville, Regret…)
Du 13 au 15 octobre, pendant près de 55 heures, la ville subit un troisième bombardement d’une ampleur inédite. La citadelle est pratiquement rasée, une partie de la ville a été fortement atteinte. Plusieurs bâtiments publics (dont la synagogue, la halle aux grains…) ont brûlé. Près de 44 morts et plus de 60 blessés sont à déplorer parmi les défenseurs de Verdun.
Plusieurs sorties très vigoureuses et particulièrement sanglantes sont ensuite organisées, le 20 et le 28 octobre, en direction de Thierville ou de Belleville, afin de desserrer l’étreinte des assiégeants. C’est un échec : les Prussiens conservent leurs positions et les pertes françaises sont assez élevées : près d’une trentaine de morts.

La capitulation de Metz, le 27 octobre, permet aux Allemands de recevoir des renforts qui changent fondamentalement le rapport de force. Dans ce contexte, le général Guérin de Waldersbach décide de capituler. Le 9 novembre 1870, la garnison part en captivité alors que les Prussiens entrent dans la ville.

13 septembre 1873 : la libération de Verdun

Le gouvernement républicain, formé après la défaite de Sedan et la captivité de Napoléon III, poursuit la lutte pendant près de cinq mois, sans plus de succès d’ailleurs. Le 26 janvier 1871, un armistice est signé. Le 10 mai, le traité de Francfort met officiellement fin à la guerre franco-prussienne. La France doit verser une indemnité considérable de cinq milliards de francs or. Les départements du Nord-Est de la France sont retenus en gage et ne seront progressivement évacués par l’occupant qu’après le paiement étalé de la somme.

La Meuse doit donc attendre juillet 1873 pour être libérée, à l’exception de Verdun et de ses environs qui restent occupés en gage des derniers versements. Verdun, évacuée le 13 septembre après 1039 jours d’occupation, a donc le triste honneur d’être la dernière place forte quittée par l’armée allemande.

Le départ des Allemands en 1873 (coll. part.)
Le départ des Allemands en 1873 (coll. part.)

Cédric Spagnoli

Orientation bibliographique

  • Dossier spécial « La Meuse et les Meusiens en 1870-1871 » dans Connaissance de la Meuse, n°138, septembre1870,
  • SPAGNOLI Cédric, Verdun dans la Guerre de 1870, Haroué, G.Louis, 2020;
  • STREIFF Jean-Paul, La Meuse en 1870-1873, Bar-le-Duc, D.D.M., 2020.

Illustration de tête : le monument aux défenseurs de Verdun (coll. part.)

Toutes les illustrations sont issues de la collection de Cédric Spagnoli