Dépôt de la gerbe du Souvenir français par Mickaël MATHIEU, André-Victor PITZ et Michel PARISOT : photographie Clément MENUSIER.
Dépôt de la gerbe du Souvenir français par Mickaël MATHIEU, André-Victor PITZ et Michel PARISOT : photographie Clément MENUSIER.

Cérémonie commémorative de la guerre de 1870 à Bar-le-Duc

Comité de Bar-le-Duc

Après Fresnes-en-Woëvre, Verdun et Montmédy, ce fut au tour de Bar-le-Duc de commémorer la guerre de 1870 dans le cadre des cérémonies prévues par la Délégation générale du Souvenir français de la Meuse pour le 150e anniversaire de ce conflit. La pandémie de COVID-19 avait empêché sa tenue fin janvier 2021 pour coïncider avec les 150 ans de la signature de l’armistice qui mit fin aux combats, mais la ville de Bar-le-Duc a bien voulu la reprogrammer. Le comité du Souvenir français de Bar-le-Duc a été associé à l’organisation de cette commémoration exceptionnelle.

La cérémonie du 28 janvier 2023 s’est tenue devant le monument « Aux enfants de la Meuse morts pour la patrie » (appelé aussi monument « au Coq »). Cet obélisque, réalisé par Paul Roussel et inauguré le 24 mai 1900, est l’un des deux monuments commémoratifs de la guerre de 1870 à Bar-le-Duc. Installé dans un premier temps sur la place devant la gare de Bar-le-Duc, il a été démonté en 1950, puis réinstallé rue Ernest Bradfer. La cérémonie du 28 janvier a donc permis à ce monument d’être à nouveau le cadre d’une commémoration qui s’est déroulée en présence de 19 porte-drapeaux, ainsi que des autorités suivantes :

  • Pascale TRIMBACH, Préfète de la Meuse,
  • Martine JOLY, maire de Bar-le-Duc et présidente de la communauté d’agglomération Meuse Grand Sud,
  • Gérard ABBAS, maire de Fains-Véel vice-président du conseil départemental de la Meuse,
  • Atissar HIBOUR, conseillère régionale à la région Grand Est,
  • Le lieutenant-colonel François GÉRARD, délégué militaire départemental adjoint.
Les autorités présentes. Photographie : Clément MENUSIER
Les autorités présentes. Photographie : Clément MENUSIER

Après l’accueil des autorités, le rang protocolaire, auquel ont pris place Mickaël MATHIEU, président du comité de Bar-le-Duc, et André-Victor PITZ, délégué général du Souvenir français de la Meuse, s’est rendu face au monument « au Coq ». Mickaël MATHIEU a alors prononcé le discours suivant :

« Madame le Préfet, madame le Maire de Bar-le-Duc, mesdames et messieurs les maires, monsieur le délégué militaire adjoint du département de la Meuse, mesdames et messieurs les conseillers régionaux, mesdames et messieurs les conseillers départementaux, mesdames et messieurs les conseillers municipaux, mesdames et messieurs en vos grades et qualités.
Tout d’abord, permettez-moi de tous vous remercier pour votre présence à cette commémoration. Je suis également reconnaissant à la ville de Bar-le-Duc, aux services de la Préfecture et du Département de la Meuse, ainsi qu’à la délégation militaire départementale pour leur participation dans l’organisation de cette cérémonie.

Il y a un peu plus de 150 ans, le 28 janvier 1871, la jeune IIIe République signait avec l’empire allemand qui venait d’être proclamé, l’armistice qui scellait la défaite de la France lors de la guerre de 1870. Si nous connaissons l’impact qu’a eue la Première Guerre mondiale en Meuse, il faut rappeler que l’une des causes de ce conflit est la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Cet affrontement était d’ailleurs le premier d’un cycle qui a vu Français et Allemands être en guerre à 3 reprises en 75 ans ! Alors que la guerre continue à faire rage en Europe de l’Est, il est bon de rappeler que des ennemis d’hier peuvent se pardonner et entretenir de solides relations d’amitié, comme l’a illustrée l’inauguration de la « Cloche de la Paix franco-allemande et européenne » à Verdun le 19 janvier dernier.

La guerre de 1870 en Meuse, ce sont Verdun et Montmédy qui, bien qu’assiégées, ont constitué des îlots de résistance face aux troupes allemandes, tenant aussi longtemps que leurs moyens le leur ont permis. Verdun a d’ailleurs compté parmi ses défenseurs en 1870 des hommes du 1er bataillon de mobiles de la Meuse, qui étaient originaires de l’arrondissement de Bar-le-Duc. N’étant pas en capacité de se défendre, Bar-le-Duc avait été conquise sans combat le 18 août 1870. Le début de la période d’occupation allemande qui commençait alors à Bar-le-Duc fut marqué par le court séjour du roi de Prusse Guillaume Ier, du chancelier Otto von Bismarck et du maréchal Helmut von Moltke, ainsi que par l’installation de préfets allemands, parmi lesquels Theodor von Bethmann-Hollweg, dont le neveu Theobald fut le chancelier de l’empire allemand au cours de la Première Guerre mondiale. Cette occupation allemande à Bar-le-Duc a duré jusqu’au 23 juillet 1873. Elle a marqué durablement ses habitants, parmi lesquels un jeune garçon nommé Raymond Poincaré qui allait être, 44 ans plus tard, le président d’une République française à nouveau en guerre contre l’Allemagne.

Les conséquences de la guerre de 1870-1871 en Meuse ont été d’ordre économiques, démographiques et militaires. En effet, dans les années qui ont suivi et en vue de la revanche, ce sont jusqu’à 10 communes meusiennes qui ont accueilli des unités de l’armée française en garnison tandis que plusieurs ouvrages fortifiés étaient érigés depuis Verdun jusqu’au Sud-Est meusien, face à la frontière allemande qui s’était alors rapprochée. La guerre de 1870 explique aussi l’apparition en Meuse des premiers monuments rendant hommage aux morts d’un conflit, tel que celui devant lequel nous nous trouvons. Érigé en 1900, cet obélisque nous est parvenu mais il a toutefois perdu la sculpture de Paul Roussel qui l’ornait. En effet, comme plusieurs autres statues en bronze, elle a été fondue par l’occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale. Seul le Coq au sommet a échappé à cette destruction en étant caché par un officier français, ainsi que le rappelle la plaque que la ville de Bar-le-Duc a récemment fait apposer sur le côté droit du monument.

Pour terminer, je souhaite rappeler que le Souvenir Français est né suite à la guerre de 1870, afin d’entretenir les tombes des soldats morts pendant ce conflit. Aujourd’hui, la Délégation Générale du Souvenir Français de la Meuse œuvre toujours dans le département pour l’entretien, entre autres, des tombes des soldats français qui sont morts pour la patrie en 1870-1871 et des monuments commémoratifs de ce conflit. Si l’image de la guerre de 1870 est et restera associée à celle de l’une des plus graves défaites militaires de l’Histoire de France, n’oublions pas les personnes qui se sont battues à ce moment-là pour la défense de notre pays !

À nous le souvenir, à eux l’immortalité »

Discours de Mickaël MATHIEU. Photographie : Clément MENUSIER.
Discours de Mickaël MATHIEU. Photographie : Clément MENUSIER.

Suite à cette allocution, c’est André-Victor PITZ qui a pris la parole :

« Mesdames messieurs, chers amis porte-drapeaux.
Permettez–moi de vous saluer, toutes et tous, en vos grades et qualités.
Une fois n’est pas coutume que deux représentants du Souvenir Français prennent la parole lors d’une cérémonie mémorielle. C’est en accord avec les organisateurs et Mickaël MATHIEU que je vais évoquer ce qui fut décidé au siège du Souvenir Français en 2019 pour commémorer le 150ème anniversaire de la guerre de 1870,
Guerre un peu oubliée, tant dans nos esprits que dans les manuels scolaires.

C’est en présence du président général Serge BARCELLINI, qu’il fut convenu que 29 départements seraient concernés pour mettre en place des cérémonies de commémoration afin d’honorer nos soldats morts pour la patrie. (À cette époque les soldats mourraient pour la Patrie, à partir de la Première Guerre mondiale, ils meurent pour la France).
Les 4 délégations de lorraine, votre serviteur pour la Meuse, la Moselle la Meurthe-et-Moselle, et les Vosges ont organisé de très nombreuses manifestations en présence de ministres, préfets, parlementaires, élus des départements et de la région grand-est, avec une participation citoyenne nombreuse, et surtout, permettez-moi d’insister avec des élèves des différentes écoles primaires collèges et lycées de notre région.

Concernant le département de la Meuse, nous avons organisé des manifestations à Fresnes en Woëvre, en l’honneur du général Margueritte, à Verdun, au cimetière civil du Faubourg Pavé, à Montmédy, inauguration d’une plaque rappelant le siège de la Ville avec une cérémonie franco-allemande au cimetière de la ville basse, et, aujourd’hui, ici à Bar-le-Duc.
Nous terminerons ce pèlerinage de cérémonies mémorielles le 23 juillet prochain en rendant hommage aux 18 soldats français morts au cours de cette guerre et enterrés au cimetière de Bar le Duc.
Messieurs Mickaël MATHIEU et son collègue le professeur Cédric SPAGNOLI ont assuré plusieurs cycles de conférences à Montmédy, à l’Ossuaire de Douaumont et à Bar le Duc. Nous avons également présenté durant 5 jours avec l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre de la Meuse une exposition de panneaux pédagogiques dans la chapelle BUVIGNIER de Verdun expliquant le contexte de cette guerre et toutes les conséquences qui en découlèrent.

Je n’oublie pas de vous parler de l’édition d’un livret guide de 80 pages ayant pour titre : « Hauts-lieux du souvenir de la guerre de 1870 en Meuse », qui fut tiré à plus de 800 exemplaires dont 500 furent réservés pour le Conseil départemental de la Meuse. (Merci monsieur le président)
Ainsi, mesdames et messieurs, vous pouvez vous rendre compte que le Souvenir Français reste et restera toujours très présent pour saluer la mémoire de nos soldats morts pour notre pays.
Mickaël MATHIEU n’a pas manqué de rappeler que notre association est née suite à la guerre de 1870, j’apporte ici, quelques précisions historiques.
C’est par la volonté d’un groupe de femmes, appelé Les dames de Metz, et de sa présidente, madame Bezanson née de Viville que va se créer le culte des morts (Maurice BARRÈS évoque cette situation dans son roman Colette BAUDOCHE) et devenir, officiellement en 1887, l’association le Souvenir Français par la volonté de deux hommes, Jean-Pierre JEAN et Xavier NIESSEN, le premier étant Lorrain, le second Alsacien.

Jean-Pierre JEAN a, quant à lui, conçu et fait réaliser le projet d’élever à Noisseville, en Moselle annexée, un monument commémoratif en l’honneur des soldats français tombés en 1870/71.
Ce ne fut pas chose facile. Après de longues démarches, l’empereur Guillaume II donnera personnellement son accord.
Le souci d’apaisement l’avait emporté sur la méfiance.
L’Inauguration eut lieu les 3 et 4 octobre 1908, on dévoila le monument pour découvrir une jeune lorraine en deuil, pleurant au pied d’un fantassin blessé.
On entendit des cris de « vive la France », des drapeaux français s’agitèrent sortant furtivement des vestes et des redingotes et on fredonna la Marseillaise.
Les officiels quittèrent la place avec l’impression d’avoir apporté leur caution à une manifestation pro-française !
Mesdames, messieurs, je vous laisse méditer sur les 114 années qui suivirent cet évènement… et vous remercie pour votre attention.

Discours d’André-Victor PITZ : Clément MENUSIER.
Discours d’André-Victor PITZ ; photographie : Clément MENUSIER.

Les autorités présentes ont ensuite procédé au dépôt des gerbes de fleurs au pied du monument « au Coq ». Celle du Souvenir français a été déposée conjointement par Mickaël MATHIEU, André-Victor PITZ et Michel PARISOT. Un autre moment fort a ensuite eu lieu lorsque Bernard BURCKEL, directeur de cabinet à la Préfecture de la Meuse, s’est vu remettre son insigne de Commandant de la réserve citoyenne par Pascale TRIMBACH, Préfète de la Meuse. La cérémonie s’est terminée par le salut aux porte-drapeaux et le départ des autorités.
Une autre commémoration exceptionnelle liée à la guerre de 1870 aura lieu à Bar-le-Duc le 23 juillet 2023, date coïncidant avec le 150e anniversaire du départ des troupes d’occupation allemandes de la ville. Elle se déroulera dans le cimetière communal, face au monument du Lion et à la tombe des 18 soldats français morts lors de la guerre de 1870.

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Mickaël MATHIEU