Le rang protocolaire. Cliché : Jean-Luc LARZILLIÈRE.
Le rang protocolaire. Cliché : Jean-Luc LARZILLIÈRE.

Cérémonie du 23 juillet 2023 à Bar-le-Duc : des préparatifs jusqu’à la commémoration

Comité de Bar-le-Duc

Après avoir organisé, avec la ville de Bar-le-Duc, une première cérémonie liée au 150e anniversaire de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 qui s’était déroulée le 28 janvier 2023, le comité du Souvenir français de Bar-le-Duc s’est rapidement tourné vers la préparation d’une autre commémoration exceptionnelle, celle du 150e anniversaire du départ des troupes d’occupation allemandes de Bar-le-Duc, prévue le 23 juillet 2023 dans le cimetière communal, au monument du Lion. Or, celui-ci était en mauvais état, tout comme la tombe de 18 soldats français morts lors de la guerre de 1870 qui lui fait face…

Le patrimoine de la guerre de 1870 dans le cimetière de Bar-le-Duc

Le cimetière communal de Bar-le-Duc contient de nombreuses tombes d’officiers et d’anciens combattants (parmi lesquels plusieurs « Morts pour la France »), ainsi que des monuments rappelant les conflits contemporains. Quand on y entre par le portail Ouest (du côté de la rue de la piscine), en partant vers la gauche, on arrive à un croisement qui dessert un axe appelé « allée du Souvenir français ». C’est au niveau de ce carrefour que se trouvent d’une part, une tombe où reposent 18 soldats français morts à Bar-le-Duc au cours de la guerre de 1870. Entourée de la grille caractéristique qui porte la mention de la loi du 4 avril 1873, cette sépulture collective appartient au Souvenir français. En face se trouve le monument aux victimes de la guerre de 1870, dit aussi « monument du Lion », réalisée par Pierre-Eugène Caveneget et inauguré le 6 août 1871. Toutefois, cette tombe et ce monument étaient en mauvais état, comme en témoignait la couleur grisâtre de leurs pierres.

La tombe des 18 soldats français morts en 1870, avant restauration. Cliché : Mickaël MATHIEU.
La tombe des 18 soldats français morts en 1870, avant restauration. Cliché : Mickaël MATHIEU.
Le monument du Lion, avant nettoyage. Cliché : Mickaël MATHIEU.
Le monument du Lion, avant nettoyage. Cliché : Mickaël MATHIEU.

Enfin, il est à signaler qu’il y a aussi des tombes de soldats allemands de la guerre de 1870 dans le cimetière communal de Bar-le-Duc, mais qui se trouvent à l’opposé par rapport au monument du Lion et la tombe des 18 soldats français !

Des travaux de nettoyage au cours du printemps 2023

Dès l’année 2022, Mickaël MATHIEU, président du comité de Bar-le-Duc, a mené des démarches pour que la tombe des 18 soldats français et le monument du Lion soient en bon état pour la cérémonie du 23 juillet 2023. Il a sollicité d’une part l’entrepreneur Gilles LEBRUN (également porte-drapeau dans le comité de Vaubécourt) pour intervenir sur la pierre tombale de la sépulture des combattants français. D’autre part, un projet associant le comité du Souvenir français de Bar-le-Duc et le lycée professionnel Ligier Richier a été mis en place pour nettoyer le monument du Lion. Olivier LAXENAIRE (proviseur) et Christophe JERZAK (directeur des formations) ayant reçu favorablement la demande de Mickaël MATHIEU, l’intervention allait être réalisée par la classe de l’Unité Pédagogique pour Élèves Allophones nouvellement Arrivés (UPE2A), sous l’encadrement de leurs professeurs Éric DJEGHLIL et Louisa HERRERA. Les autorisations pour intervenir sur le monument du Lion ont ensuite été délivrées par la Ville de Bar-le-Duc et aussi par la DRAC Grand Est (l’œuvre étant inscrite au titre objet depuis le 8 juillet 1999) au début de l’année 2023. Il faut préciser que la DRAC Grand Est a émis des préconisations qui ont été respectées pour le nettoyage du monument du Lion. Dans l’après-midi du 3 mai, les travaux ont commencé, d’un côté, les élèves de la classe UPE2A et leurs enseignants ont débuté le nettoyage le monument du Lion, et de l’autre, Gilles LEBRUN sur la tombe des 18 soldats français morts en 1870.

Les élèves de la classe UPE2A en train de travailler sur le monument du Lion. Cliché : Christophe JERZAK.
Les élèves de la classe UPE2A en train de travailler sur le monument du Lion. Cliché : Christophe JERZAK.
Éric DJEGHLIL (à gauche) et Gilles LEBRUN (à droite). Cliché : Christophe JERZAK.
Éric DJEGHLIL (à gauche) et Gilles LEBRUN (à droite). Cliché : Christophe JERZAK.

Leurs interventions communes se sont poursuivies le 24 mai, puis les lycéens sont venus terminer leur travail le 23 juin. Au cours de cette dernière journée, Martine JOLY, maire de Bar-le-Duc et présidente de la Communauté d’Agglomération Meuse Grand Sud, est d’ailleurs venue voir les élèves de la classe UPE2A. Ceux-ci ont été reçus avec leurs enseignants à une réception donnée en leur honneur à la mairie de Bar-le-Duc et à laquelle ont également été conviés Gilles LEBRUN et Mickaël MATHIEU. Celui-ci a alors remercié chaleureusement tous les partenaires qui ont permis la bonne réalisation de ces opérations, puis il a récompensé les élèves qui ont participé à ce projet d’un diplôme « gardien de la mémoire » du Souvenir français et remis un diplôme d’honneur du Souvenir français à l’ensemble de la classe UPE2A.

La tombe des 18 soldats français morts en 1870, après nettoyage. Cliché : Mickaël MATHIEU.
La tombe des 18 soldats français morts en 1870, après nettoyage. Cliché : Mickaël MATHIEU.
Le monument du Lion, après nettoyage. Cliché : Mickaël MATHIEU.
Le monument du Lion, après nettoyage. Cliché : Mickaël MATHIEU.

Grâce au travail sérieux de Gilles LEBRUN et des jeunes du lycée Ligier Richier, la tombe des 18 soldats français morts en 1870 et le monument du Lion ont retrouvé de l’éclat et il ne restait alors plus qu’à organiser la cérémonie du 23 juillet, dont ils allaient être le cadre.

La cérémonie du 23 juillet 2023

La cérémonie du 23 juillet 2023 s’est déroulée en présence de 24 porte-drapeaux, ainsi que des autorités suivantes :
– Quentin DELACOUR, représentant la Préfecture de la Meuse,
– Atissar HIBOUR, conseillère régionale à la région Grand Est,
– Alexis PINHEIRO, conseiller municipal de Bar-le-Duc en charge des cérémonies et du devoir de mémoire,
– Le lieutenant-colonel Philippe BÉOT, représentant la délégation militaire départementale.

Il faut aussi souligner la venue à cette commémoration de 5 comités du Souvenir français de la Meuse, représentés par leurs présidents et/ou leurs porte-drapeaux : Commercy, Vaubécourt, Pierrefitte-sur-Aire, Fresnes-en-Woëvre et Damvillers.

Le rang protocolaire. Cliché : Jean-Luc LARZILLIÈRE.
Le rang protocolaire. Cliché : Jean-Luc LARZILLIÈRE.
Discours de Mickaël MATHIEU. Cliché : Jean-Luc LARZILLIÈRE
Discours de Mickaël MATHIEU. Cliché : Jean-Luc LARZILLIÈRE

Après l’accueil des autorités, le rang protocolaire, auquel ont pris place Mickaël MATHIEU et Michel PARISOT, délégué général adjoint du Souvenir français pour le Sud meusien (qui représentait le délégué général André-Victor PITZ, excusé), s’est rendu face au monument du Lion. Mickaël MATHIEU a alors prononcé le discours suivant :

« Monsieur Delacour, représentant la Préfecture de la Meuse, madame la conseillère régionale, monsieur le lieutenant-colonel Béot, mesdames et messieurs les conseillers départementaux, mesdames et messieurs les conseillers municipaux, monsieur le délégué général adjoint du Souvenir français pour le Sud meusien, mesdames et messieurs en vos grades et qualités.

Tout d’abord, permettez-moi de tous vous remercier pour votre présence à cette commémoration exceptionnelle. Je suis également reconnaissant à la ville de Bar-le-Duc, ainsi qu’à la délégation militaire départementale, pour leur participation dans l’organisation de cette cérémonie, qui est la dernière d’une série d’événements initiés par le Souvenir français pour commémorer le 150e anniversaire de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 en Meuse.

Lors de cette guerre, Bar-le-Duc a été conquise par les troupes allemandes le 18 août 1870. Cela a été le début d’une longue période d’occupation allemande de la ville, conséquence de la défaite militaire française dans ce conflit et du traité de Francfort qui imposait notamment à la France de payer à l’Allemagne une lourde indemnité de 5 milliards de francs. Si elle a été progressivement mais rapidement réglée, les soldats allemands n’ont quitté Bar-le-Duc que le 23 juillet 1873, il y a 150 ans aujourd’hui, après 1071 jours d’occupation ! Les habitants eurent alors la joie d’être libérés en voyant s’éloigner les derniers casques à pointe, mais certains secteurs du département de la Meuse demeuraient alors encore occupés… En effet, Montmédy n’a été libérée que quelques jours après, tandis que Verdun a eu le triste honneur d’être la dernière place française à être évacuée par les Allemands, le 13 septembre 1873 ! Dans les années suivantes, l’occupation allemande consécutive à la guerre de 1870 est restée un souvenir douloureux pour les Barisiens, parmi lesquels Raymond Poincaré. En 1914, celui-ci était devenu président de la République et la France était à nouveau en guerre contre l’Allemagne. Cette année-là, au moment de la 1ère bataille de la Marne, le spectre d’une nouvelle occupation allemande a alors plané sur Bar-le-Duc, lorsque la ligne de front s’est approchée à une dizaine de kilomètres seulement de la ville. Si elle y a échappé lors de la Première Guerre mondiale, Bar-le-Duc a toutefois vécu une autre douloureuse période d’occupation allemande lors de la Seconde Guerre mondiale, du 15 juin 1940 au 31 août 1944 ! Oui, il faut rappeler que les deux guerres mondiales, où Français et Allemands s’opposèrent à nouveau, étaient aussi une conséquence de la guerre de 1870 !

Outre la défaite et l’occupation, la guerre de 1870 a causé le décès de 139000 soldats français qui sont « morts pour la patrie », car le statut de « mort pour la France » n’existait pas encore. C’est pour les honorer que sont apparus les premiers monuments rendant hommage aux morts d’un conflit, tel que celui devant lequel nous nous trouvons. Cette œuvre de Pierre-Eugène Caveneget a été érigée en pleine occupation allemande de Bar-le-Duc et inaugurée le 6 août 1871, jour du 1er anniversaire de la bataille de Frœschwiller-Woerth (appelée aussi « bataille de Reichshoffen ») au cours de laquelle un général meusien, Émile Colson, est tombé au champ d’honneur ! Son nom figure d’ailleurs sur l’une des pierres entourant le monument, aux côtés de ceux de 51 autres combattants morts pour la patrie en 1870-1871 ! C’est dans les années qui ont suivi la guerre de 1870 qu’est né le Souvenir Français, fondé par François-Xavier Niessen en 1887, afin d’entretenir les tombes des soldats morts pendant ce conflit. Aujourd’hui, la Délégation Générale du Souvenir Français de la Meuse œuvre toujours dans le département pour l’entretien, entre autres, des tombes des soldats français qui sont morts pour la patrie en 1870-1871 et des monuments commémoratifs de ce conflit. C’est pourquoi le comité du Souvenir français de Bar-le-Duc a fait nettoyer cette année d’une part cette tombe où reposent 18 soldats français morts pendant la guerre de 1870, et d’autre part le monument du Lion. Je voudrais d’ailleurs rendre une nouvelle fois hommage aux élèves de la classe de l’Unité Pédagogique pour Élèves Allophones nouvellement Arrivés du lycée professionnel Ligier Richier qui sont intervenus sur ce monument. Leur travail a été réalisé avec beaucoup de sérieux, et je tiens à souligner que parmi les jeunes qui ont pris part à ce projet se trouvent des élèves ukrainiens, présents à Bar-le-Duc en raison du conflit qui touche leur pays depuis maintenant plus de 500 jours…

Si l’image de la guerre de 1870 est et restera associée à celle de l’une des plus graves défaites militaires de l’Histoire de France, n’oublions pas les personnes qui se sont battues à ce moment-là pour la défense de notre pays !

À nous le souvenir, à eux l’immortalité ! »

Après cette allocution, Mickaël MATHIEU a d’abord fleuri la tombe des 18 soldats français morts en 1870, avant d’aller déposer, avec Michel PARISOT, une gerbe de fleurs au pied du monument du Lion, suivi ensuite par celles des autorités présentes, puis de la sonnerie aux morts et de la Marseillaise. La cérémonie s’est terminée par le traditionnel salut aux porte-drapeaux.

Dépôt de gerbe par Mickaël MATHIEU et Michel PARISOT. Cliché : Jean-Luc LARZILLIÈRE.
Dépôt de gerbe par Mickaël MATHIEU et Michel PARISOT. Cliché : Jean-Luc LARZILLIÈRE.
Le monument du Lion, fleuri au cours de la cérémonie du 23 juillet 2023. Cliché : Jean-Luc LARZILLIÈRE.
Le monument du Lion, fleuri au cours de la cérémonie du 23 juillet 2023. Cliché : Jean-Luc LARZILLIÈRE.

Cette cérémonie a donc conclu de belle manière le cycle de commémorations pour le 150e anniversaire de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, initié par la Délégation Générale du Souvenir français de la Meuse.

Mickaël MATHIEU

Plus de photographies via le lien suivant : Ici